La campagne de Benny Gantz pour détrôner le Premier Ministre Benjamin Netanyahu se concentre sur un seul mot : mamlachtiyut. Inventé par le Premier Ministre fondateur d’Israël, David Ben-Gurion, c’est le terme hébreu pour la vertu civique, pour le fait de mettre le bien de l’Etat au-dessus des divisions sectaires et des intérêts personnels — au-dessus de toute chose. C’est le pilier central du parti Bleu et Blanc de Gantz qui par ailleurs ne propose qu’un programme vague. L’argument de Gantz est que Netanyahu, faisant face à des mises en accusation dans trois cas de corruption, ne possède plus cette vertu, et qu’Israël a besoin d’un dirigeant qui l’a.
Le parti Bleu et Blanc fait le pari que les Israéliens en aient assez du style de gouvernement de Netanyahu, mais non du contenu de sa politique. Les distinctions que Gantz cherche à dessiner sont principalement affectives et esthétiques. Là où Netanyahu est impertinent, Gantz est calme ; là où Netanyahu est frénétique, Gantz garde le contrôle de lui-même. Netanyahu préfère les larges vestes et les épaisses cravates des autocrates des années 1990, alors que Gantz porte les costumes sur mesure et les cravates minces des technocrates d’aujourd’hui. Sur l’estrade, Gantz distille une dignité martiale destinée à faire contraste avec le populisme mafieux de Netanyahu. Le fait que Netanyahu ne soit pas le seul membre du Likoud faisant face à des accusations de corruption criminelle étaye l’argument de Gantz selon lequel le parti au pouvoir manque des vertus nécessaires pour diriger. Le Ministre des Affaires Sociales Haim Katz et le Député David Bitan, membres du Likoud, font face aussi à leur propre enquête criminelle.
Il y a un élément de nostalgie dans la présentation de Gantz. Le général à la retraite, grand et aux yeux bleus, s’est présenté comme le successeur de l’ancien Premier Ministre Yitzhak Rabin et a été couronné comme tel en novembre dernier, où il a prononcé le principal discours lors de la cérémonie annuelle à Tel Aviv commémorant l’assassinat de Rabin. Contrairement à Netanyahu qui a été élevé parmi l’anti-intelligentsia de droite à Jérusalem et dont le Likoud a longtemps été le parti de la classe ouvrière mizrahi, Gantz est né de parents ayant survécu à l’Holocauste, dans un moshav, coopérative agricole, liée à la branche religieuse du mouvement sioniste travailliste. Sa ressemblance avec la génération passée de leaders fermiers guerriers d’Israël explique, en partie, le succès de son parti à arracher des électeurs aux anciens partis travaillistes sionistes, le Parti Travailliste et le Meretz, qui ont dû fusionner pour éviter l’échec, certain, du franchissement du seuil électoral.
Le caractère intentionnellement indéterminé de la plate-forme du parti Bleu et Blanc ne fait que rendre Gantz plus difficile à déchiffrer. Il peut représenter davantage que le retour de Rabin pour les Sionistes Travaillistes vieillissants ; il est pour les laïcs le champion de la lutte contre le glissement continu de l’endoctrinement religieux dans les écoles publiques pour les laïcs, et pour la classe moyenne celui de la lutte contre la corruption. Pour les électeurs de droite, il est un général à l’esprit guerrier n’ayant pas peur de se vanter du nombre de Palestiniens qu’il a tués.
Le parti Bleu et Blanc est lui-même une chimère, qui vient seulement de se transformer en quelque chose ressemblant à un véritable parti politique, après une année complète de campagne ininterrompue et trois cycles électoraux. Bien que répertorié dans cette élection sous le seul nom de Gantz, il est en réalité plus proche d’un parti dirigé conjointement, composé de quatre factions distinctes : le parti de Gantz Résilience pour Israël, Yesh Atid (« Il y a un Avenir ») de Yair Lapid, le Telem (acronyme du « Mouvement de l’Homme d’Etat national ») de l’ancien ministre de la défense du Likoud Moshe "Bogie" Ya’alon, et le groupe informel de partisans de l’ancien Chef d’Etat-Major des FDI, Gabi Ashkenazi. Les quatre dirigeants s’appellent, collectivement, "le cockpit".
Lors des précédents tours de scrutin, le parti Bleu et Blanc était un parti d’opposition symbolique, incertain, voire en conflit, sur son positionnement— avec des tergiversations sur des questions de principe fondamentales, comme de savoir s’il siégerait dans une coalition avec la liste commune dirigée par les Arabes. Mais avec le temps, et alors qu’il est devenu un véritable adversaire du Likoud de Netanyahu, un penchant idéologique plus clair a commencé à émerger.
Que ce soit pour des raisons de stratégie ou de principe, ou pour une combinaison des deux, le parti Bleu et Blanc s’est fortement orienté à la droite lors de l’actuel scrutin électoral. Quand Netanyahou s’est engagé en novembre à annexer la Vallée du Jourdain, les députés de Bleu et Blanc, Chili Tropper et Yoaz Hendel, ont déclaré que le parti soutiendrait cela. Puis, alors que Donald Trump et Netanyahu dévoilaient conjointement en janvier à Washington le « plan de paix », Gantz a non seulement obtenu une rencontre avec Trump, mais a également promis de mettre le plan en œuvre (mais pas avant les élections, comme Netanyahu avait promis de le faire).
Gantz a également fait d’autres gestes pour montrer son soutien aux causes de la droite. Plus tôt en janvier, par exemple, il a visité la Cité de David, colonie juive archéologique à Jérusalem-Est, qu’il a décrite comme « les racines de notre existence ici, dans la Jérusalem unifiée ». Et alors qu’il y a un an, Gantz avait déclaré que le parti serait disposé à travailler en coalition avec la liste unifiée, lui et d’autres membres du parti ont récemment fait un pas de côté pour considérer qu’une coalition avec les partis dirigés par des Arabes était hors de question. Gantz, au contraire, s’est engagé à former un gouvernement d’unité nationale avec le Likoud, de préférence sans Netanyahu.
Alors que Bleu et Blanc s’est plus explicitement positionné à droite, une faction est apparue comme la plus importante du parti, apparaissant aux côtés de Gantz en public et comme substitut dans les médias : les ex-membres du Likud, du Telem de Ya’alon. Figurent parmi eux Yoaz Hendel, ancien directeur des communications de Netanyahu, et Zvi Hauser, ancien secrétaire du cabinet de Netanyahu et chercheur principal au Forum de Politique Kohelet, groupe de réflexion de droite qui a joué un rôle majeur dans l’élaboration de la Loi sur l’Etat-Nation Juif. Ya’alon lui-même a occupé les fonctions de ministre de la défense de Netanyahu de 2013 à sa démission en 2016. Tous sont de farouches adversaires d’une solution à deux États ; tous ont un long passé de rhétorique anti-arabe et anti-palestinienne.
Début février, dans un entretien, Hendel a déclaré à Haaretz que « la culture arabe » est une « jungle » qui « n’a pas atteint le stade de l’évolution où il existe des droits humains. » Dans une vidéo diffusée cette semaine par le parti Bleu et Blanc, sur laquelle les quatre membres du « poste de pilotage » répondent en plaisantant aux questions des électeurs, Lapid dit de Ya’alon, « Bogie n’était pas un petit meurtrier dans l’armée », après quoi lui et Ashkenazi rient.
Voilà à quoi ressemble le centre israélien aujourd’hui : raciste, militariste, ethno-nationaliste, et engagé dans la soumission perpétuelle des Palestiniens des deux côtés de la ligne verte. Mais c’est aussi ce à quoi ressemble le centre israélien depuis longtemps.
« Pas de partenaire pour la paix »
Les racines de ce que nous connaissons aujourd’hui comme le centre israélien se trouvent à la fin de la période d’Oslo. C’était censé être la gauche qui allait résoudre le conflit avec les Palestiniens, pourtant en 2000 après l’échec des négociations de Camp David le Premier Ministre d’alors, Ehud Barak, est revenu du Maryland en Israël pour déclarer « il n’y a pas de partenaire pour la paix ». Le déclenchement de la Seconde Intifada peu de temps après a semblé confirmer la justesse de ses propos.
Mais alors que le discours de Barak a marqué la fin du leadership de la gauche israélienne sur le processus de paix, les négociations avec les Palestiniens n’ont cependant pas abouti à un arrêt total. Le centre allait endosser la responsabilité de prôner un compromis territorial. Au cours des années qui ont suivi Camp David, les hommes politiciens centristes israéliens se sont engagés, quoique de différentes manières, à résoudre le conflit avec les Palestiniens.
Dans la plupart des cas, ces hommes politiques venaient de la droite : Ariel Sharon, Ehud Olmert, Tzipi Livni. Il est communément admis que le type d’Israélien le plus susceptible de négocier avec succès un traité de paix est un homme de droite ou un ancien général - de préférence les deux, si possible. Après tout, c’est Menachem Begin, le leader révisionniste de droite, qui a signé le traité de paix d’Israël avec l’Egypte. Rabin, ancien chef d’état-major des FDI qui a mené Israël à la victoire dans la Guerre des Six Jours, a non seulement signé le traité de paix d’Israël avec la Jordanie, mais il s’est rapproché plus que tout autre dirigeant israélien de la signature d’un traité avec les Palestiniens.
C’est ce raisonnement qui a motivé la décision du Premier ministre de l’époque, Sharon, de se séparer du Likoud et de former le nouveau parti centriste Kadima à l’automne 2005. Ancien général de droite réputé pour sa brutalité, Sharon a fait face à une importante opposition de la part du Likoud à la suite du désengagement unilatéral d’Israël de la Bande de Gaza. Avec Kadima, parti composé de députés qui avaient précédemment été membres du Parti Travailliste et du Shinui (un petit parti centriste) ainsi que du Likoud, Sharon s’est engagé à continuer à travailler à une solution à deux Etats.
Sharon et les autres dirigeants de Kadima, comme l’ancienne Ministre de la Justice Tzipi Livni, ont clairement annoncé qu’ils pensaient qu’Israël possédait un droit sur toute la terre historique d’Israël. Mais ils ont également fait valoir que si Israël devait maintenir à la fois sa majorité démographique juive et son caractère démocratique, il aurait à renoncer à des territoires pour la création d’un état palestinien.
La montée de Kadima s’est accompagnée d’un changement de discours autour du compromis territorial israélien. Alors que Rabin avait ouvertement parlé de la nécessité de la paix, son assassinat, et particulièrement les attentats-suicides du début des années 2000, ont semblé supprimer la « paix » du vocabulaire politique national. Au lieu de cela, Kadima et d’autres dirigeants centristes ont commencé à parler de "séparation" des Palestiniens pour préserver la sécurité d’Israël et sa majorité juive. La « paix » était un rêve naïf et impossible ; la « séparation » était résolue et réaliste, le genre de mouvement stratégique qu’un général ferait. C’est également ce raisonnement qui a conduit Sharon à entamer la construction de la barrière de séparation en Cisjordanie.
Les dirigeants de Kadima avaient présenté le désengagement unilatéral de 2005 comme une étape nécessaire dans un processus plus large qui se terminerait finalement avec deux États. Au lieu de cela, le désengagement a marqué la fin de ce processus, et non un nouveau commencement. Pour une opinion israélienne déjà lasse, les images déchirantes du désengagement de Gaza ont servi de puissant moyen de dissuasion pour les futurs retraits de population. De plus, la prise de contrôle en 2007 de la Bande de Gaza par le Hamas et les guerres qui ont suivi n’ont fait que renforcer l’idée qu’un compromis territorial ne pouvait pas garantir une paix durable ou souhaitable.
Un engagement à résoudre le conflit resterait néanmoins central dans le programme de Kadima durant la majeure partie de la décennie. Après l’attaque de Sharon en 2006, Ehud Olmert a pris la tête du parti et est revenu en 2008 à la table des négociations avec le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas. Mais les efforts de Olmert ont été entravés par son propre scandale de corruption (il purgera plus tard 16 des 27 mois de sa peine d’emprisonnement pour fraude et corruption), et les deux parties ne sont pas parvenues à un accord.
La prospérité de Kadima a atteint son apogée peu après, à l’automne de 2008, quand le parti, dirigé par Livni, a remporté la majorité des sièges aux élections, mais a échoué à former un gouvernement. Après 2009, le parti a dépéri. Shaul Mofaz, ancien Chef d’Etat-Major des FDI et ministre de la défense membre du Likoud a en 2012 battu Livni lors des élections pour la direction du parti et a ensuite mené le parti dans l’oubli électoral. Livni s’est séparée de Kadima pour diriger son propre parti, Hatnua (« le Mouvement”), qui n’a jamais obtenu plus de huit sièges à la Knesset à lui seul. Un centralisme qui visait à mettre fin au conflit avec les Palestiniens — même quand il était formulé en termes de séparation et non de paix — n’a plus semblé réussir à acquérir une majorité relative, sans parler d’une majorité, d’Israéliens.
En janvier 2013, porté par l’année et demie précédente de manifestations contre la hausse du coût de la vie, le Yesh Atid de Lapid a émergé comme le deuxième parti à la Knesset et comme le principal parti centriste. Yesh Atid était différent de Kadima à de nombreux égards, mais l’une des différences importantes était que le parti de Lapid n’avait quasiment rien à dire au sujet des Palestiniens, de l’occupation, ou du processus de paix. Au lieu de cela, le parti se concentrait sur les questions sociales, défendant un libéralisme israélien de soutien aux droits des LGBTQ, à la laïcité, et aux besoins des étudiants et des jeunes familles de la classe moyenne. La rhétorique anti-corruption a aussi joué un rôle dans l’ascension de Yesh Atid, qui a créé un contraste avec les hommes politiques qui avaient précédemment représenté le centre, comme Olmert et Sharon.
Le parcours de Lapid reflète lui aussi un important changement. Au lieu de choisir un général décoré ou un héros guerrier, la classe moyenne israélienne a choisi comme dirigeant une personnalité de la télévision. De façon toute aussi importante, Lapid n’a pas rejoint l’opposition à Netanyahu ; il a rejoint la coalition de droite. Tout comme Livni, qui avait promis de ne rester dans la coalition que tant qu’elle serait engagée dans des négociations avec les Palestiniens. Elle a rompu cette promesse, en restant membre de la coalition au pouvoir même après que les négociations, conduites par John Kerry, alors Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, aient échoué en 2014, et au cours de la guerre d’Israël contre Gaza à l’été de 2014.
Depuis que Netanyahu est devenu premier ministre en 2009, le centre israélien a cessé de représenter une alternative idéologique à la droite quand il s’agit des Palestiniens et de l’occupation. En effet, le paradoxe de la récente période d’instabilité de la politique israélienne est qu’elle est, en partie, le produit d’un consensus idéologique relatif sur cette question.
La carrière politique de Livni peut être vue comme un indicateur du glissement politique vers la droite — de la cheffe de l’opposition à Netanyahou, à sa ministre de la justice de, à un manque d’un soutien suffisant de l’opinion pour diriger elle-même un parti. Une autre mesure de cette évolution est l’ampleur à laquelle le Likud a consolidé son pouvoir sur les autres partis. Toutes les listes sionistes israéliennes pour les élections de 2020 sont dirigées, entièrement ou en partie, par d’anciens membres du Likud.
Contrairement aux années 1990 et au début des années 2000, la principale division au sein de la politique israélienne juive aujourd’hui ne porte pas sur la façon de mettre fin au conflit avec les Palestiniens. Elle porte plutôt sur les visions concurrentes de ce que le théoricien marxiste italien appelait le « national-populaire » — sur la question de savoir à qui et à quoi sert l’État israélien. Certains analystes israéliens contemporains décrivent cette division comme celle des « Israéliens contre les Juifs » — entre un nationalisme israélien laïc et un nationalisme religieux qui soutient la domination Orthodoxe des institutions religieuses et qui attribue une signification théologique à la Terre d’Israël.
Cette division se concrétise dans les « blocs électoraux » qui sont récemment devenus un pilier de la politique israélienne. Contre le bloc des centristes, des statisticiens, des laïcs, et de ce qui reste des Sionistes Travaillistes — « le centre-gauche », selon les critères des médias israéliens — il y a le bloc de droite, composé du Likoud nationaliste de plus en plus religieux, les partis des colons d’extrême-droite, et les partis ultra-Orthodoxes. Là où les deux blocs sont d’accord c’est que le demos dans la démocratie israélienne ne comprend que des Juifs.
Le retour de Rabin
En cherchant l’aide de l’administration Trump pour sauver son avenir politique, Netanyahu a ramené la question palestinienne au cœur de la politique israélienne. De la reconnaissance américaine de la souveraineté israélienne sur le Golan au « plan de paix » de Trump, lequel donne le feu vert à l’annexion par Israël de la vallée du Jourdain ainsi que des colonies juives dans la Cisjordanie occupée, Netanyahu et l’administration Trump visent ensemble à mettre fin une fois pour toutes à l’éventualité d’un Etat palestinien. Le centre israélien, maintenant représenté par le parti Bleu et Blanc de Gantz, est prêt à les soutenir.
Ceci est moins une déviation de l’orientation historique du centre-gauche vers les Palestiniens qu’un retour à une position antérieure. Cela a été, ironiquement, l’administration Trump elle-même qui a souligné cela dans son document d’« orientation » de 181 pages : alors que Rabin parlait en fait de paix, ce qu’il offrait aux Palestiniens était nettement moins qu’un État.
Dans son dernier discours à la Knesset en octobre 1995, un mois avant son assassinat, Rabin déclarait que la frontière orientale d’Israël resterait la Vallée du Jourdain « au sens le plus large du terme », et qu’Israël finirait par annexer non seulement les blocs de colonies près de Jérusalem mais aussi des colonies supplémentaires. « Nous ne reviendrons pas aux frontières du 4 juin 1967 », a-t-il déclaré. Rabin ne faisait pas référence dans ce discours à un Etat palestinien mais à une « entité » palestinienne qui serait moins qu’un Etat.
Deux ans auparavant, en 1993, Edward Said réfléchissait dans la London Review of Books à la signature des premiers Accords d’Oslo. Israël n’avait rien concédé si ce n’est la reconnaissance de l’Organisation de Libération de la Palestine en tant que représentant du peuple palestinien, écrivait Said, tandis que les Palestiniens avaient mis fin à l’Intifada sans mettre fin à l’occupation. Pour aggraver les choses, en acceptant que les questions de territoire et de souveraineté soient reportées jusqu’à un accord sur le statut final, « les Palestiniens ont en fait réduit leur revendication unilatérale et internationalement reconnue sur la Cisjordanie et Gaza », déplorait Said. Il prévoyait que « plutôt que de devenir plus fort pendant la période intérimaire, les Palestiniens pourraient s’affaiblir, tomber davantage sous la coupe d’Israël, et être moins à même de contester la revendication israélienne. » Il avait raison.
Said comparait l’Accord d’Oslo signé par Yasser Arafat et Rabin à un « Plan Allon modifié » — la proposition rédigée en juillet 1967, peu de temps après la Guerre des Six-Jours, par le Ministre de la Défense, Yigal Allon. Le « Plan Allon » impliquait de maintenir le contrôle militaire israélien sur la vallée du Jourdain, en faisant du Jourdain la frontière orientale d’Israël, tout en se retirant de régions à fortes populations palestiniennes. Il n’a pas seulement servi de base pour une grande partie de la politique israélienne en Cisjordanie au cours des dernières décennies : sa logique fondamentale est aussi au coeur du plan de Trump. Si Gantz, comme lui et son parti l’ont promis, met en œuvre ce plan, alors peut-être que sa position sur la seconde venue de Rabin a après tout une certaine teneur.
Photo : Le dirigeant du parti Bleu et Blanc, Benny Gantz, pendant une visite de la colonie de Vered Yeriho, dans la Vallée du Jourdain, le 21 janvier 2020. (Hadas Parush/Flash90)
(traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur le prisonniers)